Les stagiaires de Skol Ar Mor ont concrétisé la fin d’un semestre, en février, par la mise à l’eau de deux petites unités aux allures bien distinctes : d’un côté, un faering d’Åfjord de 5,20 m de long, doté de ses quatre avirons et d’une voile carrée, construit suivant des méthodes traditionnelles que Martin Bogearts et Eliot Perdocin ont expérimentées lors de leur stage au musée du patrimoine côtier de Stadsbygd, près de Trondheim en Norvège. De l’autre, un canot de 3,20 m grée au tiers et bordé à clins dont les formes ont été directement relevées par Loïc Siat, Nina Simon et Giacomo Gorli sur une ancienne annexe qui naviguait, dans les années 1950, à Mesquer. Son propriétaire, Loïc Danguy Des Deserts, est venu au lancement de cette seconde réplique du bateau sur lequel il naviguait quand il avait quatorze ans. En 2013, la première réplique du Vag Byn était partie sur Ouessant pour le plaisir de ses petits-enfants. Le nouveau bateau ira à Brignogan, chez une amie tombée sous le charme de ses formes.

Pendant leurs deux ans de formation, les stagiaires de Skol ar Mor ont la possibilité d’appréhender des techniques de construction variées, selon les projets proposés. Par exemple, à l’aide du relevé de cotes et des gabarits de formes, l’équipe du Vag Byn s’est livrée à un lissage complet des lignes du bateau sur l’épure. Le tracé en fut plus fastidieux, mais aussi plus riche en enseignements.

« En revanche, un faering se construit d’une tout autre manière, explique Eliot. Un bateau de ce type ne se trace pas, il se lisse à l’œil, par rapport à des angles et des points particuliers. On a fait une épure, mais c’était plus pour l’exercice ! » Traditionnellement, ces embarcations n’étant pas construites sur plan, Pierre-Nicolas Pechon, Martin Bogearts et Eliot Perdocin ont été bien heureux de pouvoir s’appuyer sur les sources de Jon Bojer Godal et Gunnar Eldjarn qui, dans les années 1970, ont tenté de répertorier et d’échantillonner tous les types de bateaux traditionnels scandinaves. Eliot Perdocin, actuellement en deuxième année, avait déjà effectué la construction d’un faering de Bindal l’année précédente. L’expérience a porté ses fruits : « Cette fois-ci, les galbords n’ont pas fendu ! Ils doivent être coffrés dans la masse, débités sur dosse et frais de sciage, si l’on veut que les fibres du bois tiennent une vrille aussi prononcée. »

Baptisé au calva normand, dans une corne de brume, et nommé Skàri – « jeune goéland », symbole du dieu de la mer, Njord –, le bateau est parti pour Rouen. De là, la horde de Vikings normands de l’association Vegvisir ralliera les différentes reconstitutions historiques auxquelles elle participe régulièrement. La prochaine mise à l’eau, qui clôturera l’année, aura lieu le 3 août 2019 sur la cale de Kercabellec. • Nina Simon