Le 28 octobre dernier, Polarstjernen arrivait à Douarnenez. À bord, les membres de l’association The Sea Urchins – « les oursins » en anglais – expliquaient : « C’est ici que notre passion est née, c’est notre port d’attache et c’est ici que nous allons construire quelque chose toutes et tous ensemble. »

C’est en effet d’ici que ces oursins voyageurs étaient partis chercher un vaisseau à la mesure de leurs rêves vers la mer Baltique, deux ans plus tôt, à bord du Mordicus Astragale, plan Brix de 7,55 mètres qui leur avait été confié par son propriétaire, Dominique Lebsohn, pour peu qu’ils en prennent soin et qu’ils le fassent naviguer. En juin dernier, après bien des recherches, une piste les avait menés à Aalborg, au Danemark, où ils avaient trouvé Polarstjernen, « l’étoile polaire ».

Construit en 1925 chez Karstensen et Henriksen à Skagen, ce navire, qui a été cédé à l’association pour quelque 7,50 couronnes (1 euro), est un chalutier de type hajkutter. Construit tout en chêne, fait pour résister aux rigueurs de la mer du Nord, Polarstjernen mesure 18 mètres de long et 4,50 mètres de large pour 56 tonnes de déplacement. Il a toujours pêché aux mains de la même famille, jusqu’en 1980.

Polarstjernen avait grand besoin de soins et les Sea Urchins se sont mis au travail sans délai. Calfatage du pont et de la coque, réparation de couples et de bordages défectueux, révision complète du gros V8 Iveco de 230 chevaux, révision des circuits, des emménagements et du gréement… deux mois de travaux avec une cinquantaine de bénévoles, et Polarstjernen mettait les voiles vers le Sud.

Les Sea Urchins (<seaurchins161.wixsite.com/collective>) sont un collectif de marins et d’artisans qui entendent faire route vers une nouvelle vision. « Comment naviguons-nous ? Comment partageons-nous nos savoir-faire ? Comment interagissons-nous ? – Voilà les questions à explorer… En permettant à des gens qui ont un accès limité aux bateaux et à la mer de s’impliquer, on peut casser les stéréotypes de genre, de classe, d’origine ou d’éducation. Notre but, c’est de dessiner un monde maritime qui inclue toutes ces personnes. »

Polarstjernen est installé au Port-Rhu, où l’équipage prépare le chantier : réfection des couples du milieu, du pont, des pavois et du gréement, suppression des superstructures et changement de motorisation. « Il y a du pain sur la planche, mais on va se mettre au travail, et apprendre ensemble. » P. R. T. Widdrington