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Début juillet dernier, l’Organisation maritime internationale (OMI) a révisé les objectifs de 2018 de réduction des émissions de carbone du transport maritime, responsable de 3 pour cent des émissions mondiales. La nouvelle stratégie affirme l’ambition de la communauté internationale d’atteindre le zéro émission « en ou autour de 2050 prenant en compte les différentes circonstances nationales », contre 50 pour cent en 2018. Une ambition qui n’est cependant pas suffisante, de l’avis de nombreuses ONG notamment, car elle n’énonce pas d’objectifs contraignants pour les États et les armateurs.
« Les “points d’étape indicatifs” pour atteindre ce “zéro émission” en 2050 sont trop bas au regard de l’objectif de 1,5 degré d’augmentation de la température globale, décidé lors de l’Accord de Paris », précise Faïg Abbasov, directeur du programme Shipping à l’ONG Transport et Environnement. En effet, l’OMI demande au secteur du transport maritime international de baisser ses émissions annuelles de ges d’au moins 20 pour cent, voire 30 pour cent par rapport à 2008, et de 70 pour cent, voire 80 pour cent, d’ici 2040.
Dans son rapport de 2021, l’OMI indique que parmi les navires de commerce de plus de 5 000 tonneaux de port en lourd, un peu plus de la moitié fonctionnerait encore au fuel lourd. À sept ans de l’horizon 2030, le chemin à parcourir semble encore long. Faïg Abbasov rappelle que « les navires de plus de 5 000 tonneaux représentent environ 58 pour cent de la flotte mondiale. L’OMI ne régule que ces navires, les autres dépendent des États et utilisent encore très largement le fuel lourd. En fait, près de 80 pour cent des navires emploient encore ce carburant non raffiné. »
L’action des États ou des communautés comme l’Union européenne est donc cruciale, souligne l’ONG. L’Europe est d’ailleurs en passe d’adopter un règlement destiné à réduire de 55 pour cent ses émissions globales de co2 d’ici 2030. La partie maritime propose entre autres de contraindre les armateurs à augmenter progressivement la part de navires fonctionnant avec un carburant vert (hydrogène, ammoniac, électricité) ou une propulsion vélique. « Environ 84 pour cent du trafic maritime passe par les ports de trois grandes zones géographiques : États-Unis, Europe et Asie, affirme encore Faïg Abbasov. Quand l’UE prend des mesures dans le domaine maritime, ces règles s’appliquent à tous les bateaux faisant escale dans les ports européens. Son action est donc primordiale. »
Outre le travail sur la propulsion, l’ONG encourage aussi à travailler sur l’accès aux carburants verts dans les ports, la vitesse des navires et la chaîne globale de la mondialisation, en insistant sur les production et consommation locales. ◼ M. L.-C.