À la mi-mars, le caboteur centenaire Miguel Caldentey a rejoint son élément, près de quinze ans après le début de sa renaissance. On se souvient en effet qu’en 2005, le ministère de la Culture, le département des Pyrénées-Orientales et des associations de sauvegarde du patrimoine maritime s’étaient unis pour sauvegarder ce pailebot catalan alors à l’abandon. Trois ans plus tard, les communes de Port-Vendres, d’Argelès-sur-Mer et de Banyuls s’unissaient pour lancer les travaux de restauration, confiés au charpentier de marine Yann Pajot au sein d’un chantier d’insertion sur le site de Mandirac, près de Narbonne.

Le 17 mars dernier, trois grues ont soulevé la coque de 55 tonnes, soulagée par d’énormes chameaux afin qu’elle flotte haut sur les eaux peu profondes du canal de la Robine. Quatre heures de remorquage ont été nécessaires pour rejoindre Narbonne, à 5 kilomètres. Le navire y a été ressorti de l’eau, pour être posé cette fois sur un plateau roulant sur lequel il a rejoint Gruissan où il a retrouvé son élément… sans chameaux cette fois, et sans faire une goutte d’eau ! « Les prochaines semaines, explique l’architecte naval Marc Ronet, le navire sera lesté et préparé pour son convoyage vers Port-Vendres, son futur port d’attache, où se déroulera la dernière phase de travaux (gréement, motorisation, emménagements…). Il entamera alors sa nouvelle vie, partagée entre le transport de fret et de passagers. »

Construite en 1913 à Palma de Majorque pour le minotier Miguel Caldentey y Ginard, cette goélette de charge de près de 24 mètres à la flottaison a navigué au cabotage entre Majorque, Barcelone, Valence, Port-Vendres et Marseille, à la voile pure jusqu’à sa motorisation en 1936. Jusqu’en 1972, le pailebot transportait ainsi agrumes, céréales et bois avant d’arriver en France où il a été converti en club-house. Classé au titre des monuments historiques en 1988, il a pourtant été abandonné dans l’arrière-port de Canet-en-Roussillon… Avant le sauvetage et, à présent, le renouveau.