De la route à la rivière, il n’y avait qu’un ponton à franchir et les chantiers navals n’ont pas tardé à proposer aux automobilistes des sortes de voitures nautiques à l’image de Maguy.

Ce canot de 6,50 m de long et 1,50 m de large appartient désormais au Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande. Et ce dernier l’a confié au chantier Sérica de Ploudalmézeau, animé par Jim Bresson et Tanguy Riopelle, pour mettre en œuvre les mesures conservatoires nécessaires afin de l’exposer au musée de la Marine de Seine de Caudebec-en-Caux.

Maguy présentant un état général relativement bon, l’idée est d’intervenir uniquement aux endroits abîmés ou en danger. Le bordé est en assez bon état, malgré une légère oxydation, d’ailleurs plus importante d’un côté que de l’autre. Grâce à son fort échantillonnage, la timonerie est toujours en état de marche. La capote a disparu, mais les pièces assurant sa fixation sont toujours en place. Un échantillon du vernis d’origine a été expédié dans un laboratoire de Montréal afin d’en connaître la composition et de pouvoir ainsi le reconstituer. Sept couches de vernis seront nécessaires, avec, entre chacune, un ponçage à l’eau. Toutes les pièces métalliques (bronze, laiton, cuivre) ont été démontées et nettoyées. En dernier lieu, un solide ber a été fabriqué pour stocker le bateau dans les meilleures conditions.

Seul le moteur n’est pas passé entre les mains des spécialistes du chantier : le canot est aujourd’hui doté d’un Citroën de 11 ch, mais son moteur d’origine, un Ballot Marine, l’a tout de même accompagné jusqu’à nos jours.

Ces travaux auront permis de se rendre compte que Maguy mérite beaucoup mieux qu’une simple mesure de conservation. Ce canot, à notre connaissance unique en France, présente un intérêt patrimonial de premier ordre. Sans compter que la France manque dramatiquement d’embarcations de ce genre en état de naviguer.

par François Casalis

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