Le phare, lumière noire – Trop belle, la tour rouge pétard du phare de Kjeungskær, sur son îlot de caillasse, à l’entrée du fjord de Trondheim ! Au dos de cette pimpante carte postale, la romancière danoise Maren Uthaug a écrit une sombre histoire à trois voix, faisant apparaître sous d’autres jours ce lieu de solitude et de désolation… Le vis-à-vis, en pire, du misérable – et pourtant si joli ! – village d’Uthaug, à quelques coups d’aviron de là (l’auteur porte le nom de ce hameau dont une partie de sa famille est issue, et c’est à partir d’archives locales qu’elle a écrit son roman). Au début du XXe siècle, dans la Norvège d’avant le pétrole, un lieu de galère, de jalousie, de violence… et de secrets, car c’est de cela qu’il s’agit. Pour les gardiens de phare et leurs familles, il y aurait bien, certes, le mirage lumineux de l’amour ou, en ces temps d’émigration massive, le rêve éblouissant de l’Amérique… Mais on sait ce qu’il advient des oiseaux éblouis par les feux, dans le noir d’encre de la nuit.  J. v. G.

> Là où sont les oiseaux, Maren Uthaug, traduit du danois par Marine et Françoise Heide, Gallmeister, 368 p. 23,60 euros