Une vie d’huître en 2100 n’aura sans doute rien à voir avec celle d’aujourd’hui. L’acidification des océans due aux émissions de gaz à effet de serre entraîne, entre autres, la raréfaction dans l’eau des carbonates à partir desquels les mollusques construisent leur coquille. Fabrice Pernet, biologiste à l’Ifremer, étudie depuis 2003 le développement des coquilles dans un environnement ainsi dégradé. Si les adultes résistent mieux, les larves et les juvéniles sont plus vulnérables, en particulier au stade du début de la constitution de leur coquille. 

En 2020, Fabrice Pernet a lancé le projet CocoriCO 2 pour suivre l’effet de l’acidification sur les sites conchylicoles. Depuis, il expérimente avec son équipe l’association d’algues dans des parcs à huître de la rade de Brest. «Les algues forment un rempart naturel à l’acidification de l’eau en captant localement le CO2 », assure le chercheur. En février dernier, dans un article publié par le Journal of Animal Ecology, les chercheurs affirment même que ces algues protègent les huîtres de certaines maladies. 

D’autres solutions sont explorées, comme l’amendement des parcs à huîtres avec de la poudre de coquilles, ou encore la production de larves en écloserie. Mais toutes les huîtres ne sont pas logées à la même enseigne : sur les côtes calcaires de Méditerranée, elles sont moins impactées, même si elles restent vulnérables au chauffement.