Un musée d’archéologie en Camargue

Sur le quai du petit port de pêche des Saintes-Maries-de-la-mer, un musée d’archéologie sous-marine est ouvert depuis le mois de juillet. L’exposition permanente retrace l’histoire du littoral camarguais de l’Antiquité à nos jours, à partir des fouilles menées, sous l’eau, par le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) et, à terre, par le Service régional de l’archéologie.

Amphores rondes, ovales ou allongées, reflétant la diversité des échanges dans le bassin méditerranéen à l’époque romaine, mouillages en plomb ou en pierre, objets illustrant la vie du bord comme cette dent de cachalot gravée du XIXe siècle… La richesse des trouvailles s’explique par la fréquence des naufrages sur ces côtes, aux bancs de sable déplacés par les crues et les tempêtes.

Des maquettes réalisées à partir des épaves fouillées dans la région retracent l’évolution de l’architecture navale depuis l’Antiquité – chébec, caraque, tartane… « Les caboteurs antiques, qui transportaient par exemple du marbre toscan, naviguaient à l’estime, explique Giorgio Spada, directeur du musée. Certains, probablement gênés par les brumes, ont naufragé entre l’actuel Port-Saint-Louis-du-Rhône et Le Grau-du-Roi. »

Le parcours retrace une histoire de trois mille ans : « en face de l’actuelle ville des Saintes-Maries-de-la-Mer, poursuit Giorgio Spada, une flotte de navires de commerce venait mouiller entre le VIIe siècle avant notre ère et le ve siècle de notre ère, même si nous n’avons pas retrouvé de traces d’un port à proprement parler. » Les marchands venus de Rome et d’autres pôles du commerce méditerranéen transbordaient leur cargaison  – pierres de construction, amphores d’huile et de poisson salé… – sur des allèges fluviales qui remontaient le Rhône vers Arles. La piraterie de la fin du premier millénaire de notre ère aurait réduit leur affluence au profit de ports mieux défendus. L’assèchement du troisième bras du fleuve clôt définitivement l’activité marchande des Saintes-Maries au XVe siècle.

Les fouilles se poursuivent et de nouveaux objets, extraits du sable par les archéologues, viendront peut-être enrichir les réserves du musée des Saintes-Maries. ◼ Camille Lin

 

Crédits photos : © Musée des Saintes-Maries-de-la-Mer