© CLOVIS BERRY-HOYAU/ADRAMAR

La Direction départementale des territoires et de la mer d’Ille-et-Vilaine (DDTM 35) est chargée de nettoyer le littoral, notamment de démanteler les navires échoués et laissés à l’abandon dans de nombreux estuaires, à l’instar de celui de la Rance. Le cimetière de Quelmer, juste avant Saint-Malo, ne fait pas exception, tout comme l’épave de Saint-Gildas, navire à passagers en métal qui repose depuis plus de cinquante ans sur l’estran au Minihic-sur-Rance. Mais ces bateaux, malgré les pollutions et la gêne qu’ils peuvent occasionner, renferment, pour certains, une partie de l’histoire de la région et peuvent aussi offrir un bon support d’étude pour des étudiants en archéologie navale.

C’est ce que rappelle l’Association pour le développement de la recherche en archéologie sous-marine (Adramar), basée à Saint-Malo : « Ces navires ont été échoués là pour la plupart au cours du XXe siècle, souvent à la demande de l’État. Les navires de pêche ou à passagers nous en disent long sur l’évolution de l’architecture nautique, sur l’histoire des motorisations… », affirme Anne Hoyau-Berry, archéologue à l’Adramar. « Pour l’épave de Saint-Gildas, qui reflète l’évolution du trafic de passagers entre Saint-Malo et Dinan, nous avons collaboré avec la DDTM 35 afin de préserver ce patrimoine avant sa destruction. La Direction a d’ailleurs soutenu financièrement le projet, pleinement consciente de la nécessité d’un enregistrement archéologique pour la transmission du patrimoine aux générations à venir. »

Les archéologues professionnels de l’Adramar ont ainsi effectué une étude archéologique, sous la forme d’une photogrammétrie et d’une étude documentaire de ce navire emblématique de la Rance. Ses formes, ses volumes et ses dimensions ont été consignés : « Cette étude nous permettra de réaliser une maquette du navire. » Le Saint- Gildas a ensuite été détruit, en février dernier.

L’Adramar a par ailleurs obtenu que le cimetière de Quelmer devienne un lieu de conservation pour les épaves d’intérêt historique et patrimonial : les épaves de navires en bois ne représentant pas de menaces environnementales pourront rester ainsi sur place.

L’association, créée en 1993 par Élisabeth Veyrat et Michel L’Hour, oeuvre pour le soutien à la recherche archéologique sous-marine et travaille en collaboration avec le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines ou des chercheurs du CNRS. « Nous fouillons en ce moment une épave datant de la seconde moitié du XVIIe siècle, naufragée dans l’estuaire de la Rance, ajoute Anne Hoyau-Berry. Elle est très intéressante, car elle possède une coque renforcée dans les parties basses, à proximité de la quille, comme pour pouvoir résister aux glaces et monter très au Nord. On suppose qu’il pourrait s’agir d’un ancien baleinier. »