Le 19 février dernier, Albarquel arrivait à Marseille. Construit en 1957 au chantier Pedrouiços de Lisbonne, ce beau voilier de charge de 19,70 mètres aux couleurs éclatantes avait quitté son Portugal natal quelques semaines plus tôt… C’est encore une nouvelle vie qui s’ouvre devant Albarquel, qui en a déjà connu plusieurs : jusqu’en 1970, le « late » de Setubal a travaillé au transport du sel des salines du Sado à destination des ports morutiers portugais. Après quelques années d’abandon sur une vasière, Albarquel est retapé par deux jeunes aventureux qu’il emporte de la Scandinavie au fleuve Amazone. À la fin des années quatre-vingt-dix, Albarquel entame une nouvelle carrière au charter, dans les eaux norvégiennes. Désarmé, il sera racheté par l’un des deux loustics qui l’avaient mené à travers les océans deux décennies plus tôt ! Aujourd’hui Bruno Houmard est toujours propriétaire du bateau, mais il a convenu de le prêter pour plusieurs années à l’association Les Bordées. Fondée tout exprès, à Marseille, à l’initiative de Fabio Christiny, ex-patron, entre autres hauts faits, du dundée camarétois Belle-Étoile, elle travaille avec le bateau et se charge de son entretien courant. Elle regroupe déjà une vingtaine de membres actifs, très attachés à un mode de fonctionnement collectif. Il y a là une belle bande de jeunes charpentières, charpentiers, voilières, voiliers, et de marins, venus de Marseille bien sûr mais aussi, pour bon nombre, de l’association Jeudi-Dimanche (AJD) de l’Aber Wrac’h ou des ateliers de l’Enfer. L’association Les Bordées se propose, en lien avec d’autres structures associatives ou institutionnelles, d’embarquer des personnes qui n’ont pas accès à la mer, quand bien même celle-ci se trouve au pied de la ville. Déjà au programme de la saison, des navigations avec des mineurs isolés étrangers, et des ateliers de cinéma embarqué… Des navigations et des stages de formation destinés aux adhérents de l’association seront également organisés. Les chantiers d’entretien permettront d’initier les bénévoles et de partager les savoir-faire des métiers de la mer.

Le bateau est dans un bon état général et il a bénéficié d’un chantier mené à fond de train au Portugal avant le départ, pendant un mois. Structurellement sain, équipé de voiles en bon état, il demande tout de même encore quelque attention du côté du pont et des œuvres mortes. Le gréement, s’il est utilisable, est encore à améliorer. •

Les Bordées a lancé un appel aux adhésions et aux dons sur Internet sur le site <www.helloasso.com/associations/les-bordees>.