© New Bedford Whaling Museum

Décorant d’élégantes porcelaines, séchées et mises dans des herbiers, dessinées à la façon des naturalistes… les algues ont toujours fasciné et fascinent encore. Pour preuve, l’exposition intitulée « A singularly marine and fabulous product : the cultures of seaweed » (« un produit marin singulier et fabuleux : les cultures d’algues »), visible depuis juin au musée Baleinier de New Bedford, Massachussetts, qui réunit cent vingt-cinq œuvres sur ce thème, dont les plus anciennes remontent au xviiie siècle.  

« Nous avons ici une incroyable collection du peintre Clement Nye Swift, qui a vécu dix ans en Bretagne et qui s’est intéressé à la culture populaire et à la manière dont les paysans ramassaient le goémon échoué sur l’estran. À partir de là, nous avons souhaité montrer l’intérêt pour les algues dans les pays de l’Atlantique Nord, qui touchait autant la classe ouvrière ou paysanne que les salons bourgeois, en passant par les scientifiques qui partageaient leurs spécimens », raconte Naomi Slipp, commissaire de l’exposition. 

Le premier espace est consacré à l’usage des algues par les populations littorales, avec des tableaux montrant le ramassage du goémon, tandis que le deuxième expose les études scientifique des xixe et xxe siècles. Le troisième s’attache à leur usage décoratif, à travers des porcelaines de Limoges ou des pièces d’argenterie, à l’instar de celles de Tiffany & Co. « Je trouve fascinant de voir que ce végétal, qui s’échoue sur les plages et qui servait aux classes démunies, se retrouvait aussi sur les vases destinées à l’élite de la société de l’époque », poursuit Naomi Slipp. 

Un quatrième espace évoque l’utilisation des algues dans l’industrie et l’alimentation, autour de l’aquaculture durable ou de l’enjeu de la faim dans le monde. La dernière section réunit des œuvres de douze artistes contemporains, qui mêlent enjeux actuels et représentations anciennes de végétaux marins. « Nous avons ainsi un artiste qui a créé l’herbier d’algues d’un scientifique fictif du xixe siècle en s’appuyant sur la mode des herbiers alors en vogue. » Des chercheurs ont été sollicités pour cette riche exposition, comme la biologiste française Line Le Gall, du Muséum national d’histoire naturelle, qui a expliqué le rôle des algues dans les écosystèmes et leurs possibles utilisations. ◼ M. L.-C. 

  • > Si le Massachussetts vous paraît loin, un catalogue de l’exposition est disponible (222 pages, 65 dollars – environ 60 euros).