La Fondation pour la justice environnementale vient de publier une étude mettant en lumière l’activité illégale d’une partie de la flotte hauturière chinoise dans les ZEE étrangères.

Entre 1987 et 2018, la pêche chinoise a augmenté de 150 pour cent pour atteindre, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 12,7  millions de tonnes, soit 15 pour cent des prises mondiales.

Ces captures sont réalisées en grande partie par la flotte hauturière qui compte 2 701 navires… officiellement, car certaines estimations donnent des chiffres cinq à six fois plus élevés. La plupart de ces bateaux appartiennent à des compagnies privées, ainsi qu’à des sociétés publiques ou semi-publiques.

Ces données émanent d’une étude sur l’activité de pêche illégale d’une partie de la flotte hauturière chinoise, publiée en mars 2022 par la Fondation pour la justice environnementale (EJF), une organisation britannique qui défend le droit pour toutes les communautés humaines à bénéficier durablement des ressources naturelles.

Sur la base d’informations fournies par le ministère chinois des Affaires agricoles et rurales, par le Registre des navires de pêche en infraction et par des ONG environnementales, les auteurs ont analysé 554 incidents de pêche illégale entre 2015 et 2019. Les infractions sont multiples : pêche sans licence ou sans permis dans des ZEE étrangères ou des zones interdites à toute exploitation – principalement dans l’Ouest de l’Afrique et en Asie –, utilisation d’engins de pêche interdits, ciblage d’espèces protégées, faux papiers et fausses immatriculations, manquement à l’obligation de déclarer ses prises, ou encore coupe des nageoires de requins…

L’étude pointe par ailleurs de nombreuses atteintes aux droits humains : l’EJF a interrogé 116 marins d’origine indonésienne, ainsi que dix équipages ghanéens travaillant sur des navires chinois. Plus de 90 pour cent d’entre eux déclarent être liés par une dette à la compagnie qui les emploie quand ils n’ont tout simplement pas été payés. Environ 80 pour cent ont travaillé au-delà des heures réglementaires, dans des conditions de vie et de travail abusives, et un peu plus de la moitié évoque des menaces verbales et des actes de violence physique.

L’organisation de la gouvernance des pêcheries maritimes en Chine, assurée par des instances nationales et provinciales aux intérêts parfois concurrents, ne facilite pas la réglementation de la profession. Si le gouvernement central cherche ces dernières années à freiner l’essor de sa flotte hauturière – officiellement limitée à 3 000 navires – et tente de montrer sa bonne foi en inspectant ses navires, les provinces côtières, elles, continuent à développer l’activité par l’octroi de subventions et de primes dans le but d’attirer des compagnies…