En juillet dernier, RAF, canot à misaine de 6,50 m de long construit en 1940 pour la plaisance par le chantier de Louis Krebs au Passage Lanriec, en Concarneau, a été remis à l’eau au Letty, à Bénodet, par son nouveau propriétaire, Jean-Michel Rospars, qui en avait entamé la restauration en octobre 2015. L’étambot et le tableau ont été changés, ainsi que quelques bordages, dont les préceintes. Les serres et les plats-bords sont neufs, comme le pont et le gouvernail.

Jean-Michel Rospars avait croisé RAF pour la première fois en 2006, alors qu’il s’occupait de chercher des bateaux pour l’association La Misaine. « Son propriétaire de l’époque, Pierre Drouet, voulait s’en séparer pour un euro symbolique, raconte-t-il. Mais l’association n’en a pas voulu. Je sais qu’il est ensuite passé de main en main. Puis, en 2013, lorsqu’on m’a parlé d’un bateau à sauver dans un camping, j’ai aussitôt su que c’était lui. Ma femme a cherché et l’a trouvé : il avait été converti en jardinière. Charles Marzin, un ami, fondateur de La Misaine, m’a assuré qu’il était récupérable et il a promis de m’aider si je me lançais dans ce projet. » Charles Marzin avait déjà participé à un premier sauvetage de RAF, en 1992, quand Pierre Drouet avait sorti le misainier – qui s’appelait alors Saint-Laurent – d’une vasière de Loctudy où il avait été abandonné après avoir navigué, principalement à la pêche, jusqu’à la fin des années 1970. La restauration du bordé avait alors été confiée au chantier Hénaff du Guilvinec, Pierre Drouet et Charles Marzin se chargeant de réparer l’étrave, le pont et la chambre. C’est à cette époque d’ailleurs que Pierre Drouet, faisant des recherches sur les origines du bateau, avait découvert qu’il s’était appelé RAF le temps d’une journée, le 8 novembre 1940, jour de sa mise à l’eau. Les Allemands n’ayant sans doute pas apprécié la provocation – RAF n’est autre que l’acronyme de Royal Air Force –, le misainier avait pris le nom plus consensuel de Saint-Laurent dès le lendemain. « Mais Pierre Drouet avait décidé de redonner à son canot son nom du premier jour », conclut Jean-Michel Rospars avec un sourire.