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La montée des eaux est l’une des conséquences du changement climatique qui concerne globalement les littoraux de la planète, où une grande partie de l’humanité est installée. C’est pour anticiper les risques locaux – submersion marine, érosion menant à la destruction de bâtiments – que la plateforme Océan & Climat a lancé en 2020 le programme Sea’ties. Réunissant des scientifiques, membres d’ONG, acteurs privés et publics, issus de villes côtières moyennes et d’États insulaires du monde entier, il avait pour but d’identifier les défis locaux et de réfléchir à des solutions pour chaque territoire.
Du 8 au 10 novembre derniers, lors du One Planet-Polar Summit, destiné à lancer des actions pour prévenir la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des représentants de Sea’ties ont présenté le résultat de leur travail aux décideurs politiques. Outre la réduction des gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement à 1,5 degré, ils préconisent de s’adapter à la montée des eaux puisqu’elle est inéluctable quel que soit le scénario. Pour cela, le délégué international du Conservatoire du littoral, Fabrice Bernard, a émis plusieurs recommandations : éviter de dégrader la zone qui constituera le littoral dans un siècle, réfléchir au déplacement des riverains, préférer les solutions fondées sur la nature plutôt que les protections en dur…
Mais ceci ne se fera pas sans apporter une attention particulière aux habitants précaires et précarisés par la montée des eaux. « Il ne faut pas que les populations qui ne peuvent pas se payer un logement plus en retrait du littoral soient obligées de quitter définitivement cette zone, insiste Maina Sage, membre du comité d’orientation Sea’ties. Il ne s’agit pas seulement de consulter, mais de codécider. »
Cela passera aussi par la diffusion des connaissances scientifiques que les populations concernées doivent s’approprier pour créer des solutions communes. « Il faut monter des projets de recherche pluridisciplinaire », affirme Françoise Gail, professeure émérite au CNRS. Enfin, des financements devront être engagés : « Les acteurs privés doivent comprendre que le coût de l’inaction est supérieur aux investissements nécessaires pour prévoir et anticiper les conséquences », ajoute Ulrike Decoene, cheffe de la communication chez Axa. ◼ M. L.-C.