©Clémentine Le Moigne

L’idée d’un bateau partagé, sur le modèle des jardins, est venue à Charles Marzin en récupérant le misainier Ty mimik dans la vasière du vieux port de La Forêt-Fouesnant (29).
Bien que déjà propriétaire du misainier Ar Woaladen, il ne pouvait se résoudre à voir ce bateau à l’abandon. Une fois l’acquisition faite, il commence par lui redonner son nom d’origine, Maquisard, qui évoque la période d’après-guerre où ce misainier de 6,20 mètres est né, puisqu’il a été construit en 1947 au chantier Le Gall de Pont-l’Abbé.
Las du modèle associatif, pour lequel il a pourtant œuvré pendant presque quarante ans au sein de l’association La Misaine, dont il est membre fondateur, Charles se lance dans un autre type de fonctionnement. Tout en restant propriétaire du misainier Maquisard, son souhait est de le restaurer et de partager les frais de fonctionnement avec des amis de confiance qui pourraient l’utiliser à leur guise. Un bateau privé avec une idée collaborative, reposant sur le partage et le savoir-vivre. Les discussions et l’élaboration du calendrier des sorties en mer se feront par un groupe WhatsApp pour faire vite et simple.
Mais pour l’heure, il s’agit de lui redonner son aspect d’origine. Le moteur de Maquisard est retiré, son rouf et le pont, supprimés, pour qu’il redevienne un bateau creux. Pour ce qui est de la charpente, le barrotage du plancher a été refait avec le tillac traditionnel à l’arrière. L’étambrai (tampo) est en cours de pose avec ses violons. Restera à changer les estains et les serres, deux bancs, l’un à l’avant et le banc avec la pompe traditionnelle en bois, ainsi que le mât qui portera une voile de 20 mètres carrés. Ce dernier sera fabriqué dans du cyprès, un bois solide aux longues fibres droites qui ne pourrit pas. Maquisard aura également droit à un nouveau gouvernail.
Un aviron de godille et deux grands avirons, positionnés l’un au niveau du maître-bau (ar garenn dreust) et l’autre plus en avant (ar garenn skoa), assureront la propulsion par temps calme. Enfin, plus original, un moteur hors-bord sera fixé sur le plat-bord bâbord et servira pour les manœuvres de port. « Quand j’ai perdu l’hélice, sur mon misainier, explique Charles Marzin, je n’ai jamais eu un bateau aussi rapide, il larguait tous les autres, il remontait beaucoup mieux au vent, il virait mieux. D’ailleurs les vieux marins de Port-La-Forêt nous disaient que dès qu’ils avaient motorisé leur bateau, ils avaient la sensation d’avoir perdu leur voilier. » Il est certain que les manœuvres à la godille et aux avirons seront sans doute plus délicates et qu’il faudra développer des techniques, « une vraie pédagogie de terrain » comme aime à dire Charles Marzin. À bord de Maquisard on pourra retrouver les sensations et le potentiel d’un voilier de travail.

Clémentine Le Moigne