Construit à la demande de Napoléon Ier en vingt-et-un jours à Anvers en 1810 sur des plans de l’ingénieur Guillemard, le célèbre canot de l’empereur était l’un des joyaux du musée de la Marine de Paris, fermé depuis mars 2017 et dont la réouverture est prévue en 2022. C’est la seule unité de taille réelle qui y était exposée.

À la chute de l’Empire, en 1814, Louis XVIII fait envoyer à Brest le canot bordé à clins, qui mesure 18,80 mètres sur 3,80 mètres de large. En prévision de la visite de Napoléon III et d’Eugénie dans le port du Ponant en 1858, il est enrichi de nouvelles décorations, réalisées par l’atelier sculpture de l’arsenal de Brest. Le rouf spacieux du canot est alors surmonté d’une couronne portée par quatre angelots, d’une sculpture de Minerve et d’une Renommée à l’arrière, tandis qu’un Neptune fougueux chevauche hardiment la proue. Les rames sont également richement peintes.

Ce canot d’apparat des empereurs a donc longtemps été conservé à Brest avant d’être évacué le 9 mai 1943 sur Paris pour être mis à l’abri des bombardements. Délesté de son imposante couronne et des angelots, le canot a été transporté par le rail pendant huit jours jusqu’à la gare de Vaugirard, puis en camion jusqu’à la place du Trocadéro. Une fois arrivé devant le palais de Chaillot, dont l’aménagement était en train de s’achever, on s’est aperçu que les portes étaient trop étroites ! Il faudra attendre deux ans pour qu’en 1945 une grande brèche soit ouverte dans un mur afin de laisser pénétrer le canot à l’intérieur du musée…

En 2018, il est revenu à Brest par la route, dans un caisson de protection, et il n’y a pas eu besoin de percer les murs pour le faire entrer dans les gigantesques ateliers des Capucins. Ceux qui veillent sur lui ont observé pendant quelques mois sa réaction à son nouvel espace de vie (et à l’hygrométrie locale), avant de l’exposer en février dernier. Une restauration des dorures s’est même déroulée sous les yeux du public cet été. Le canot, cette fois, ne devrait plus bouger : il restera aux Capucins, devant l’entrée du futur « Pôle des excellences maritimes ».