Quelques fibres collées à un bout de caillou depuis quarante à cinquante mille ans… Après analyse, l’équipe pluridisciplinaire réunie autour de Marie-Hélène Moncel, directrice de recherche au CNRS, a découvert que les reliefs ténus (6,2 millimètres de long pour 0,5 millimètre de diamètre), fouillés dans la grotte-abri du Maras, en Ardèche, étaient ceux du plus ancien cordage connu. Une trouvaille extraordinaire attestant de la maîtrise de la torsion et du commettage des fibres à la base de l’art indispensable de la corderie… Des perles de coquillage datant de 115 000 ans environ avaient été retrouvées sur le site de Cueva Antón, en Espagne, mais rien ne subsistait de ce qui reliait ces pièces bien plus anciennes, peut-être une simple lanière de cuir ou une liane.

Ici nous sommes bien en présence d’un ancêtre de nos aussières, grelins et merlins, bien plus ancien que les précédents artefacts trouvés jusqu’à présent en Galilée, en Souabe, en Moravie ou à Lascaux (17 000 ans avant notre ère environ). Ce cordage « premier » n’est pourtant pas une œuvre de l’Homo sapiens.

Ce sont des Néandertaliens, en l’occurrence, qui l’ont fabriqué à partir de fibres récoltées sous l’écorce d’un arbre résineux non identifié par les scientifiques. Pour en savoir plus, les boscos d’aujourd’hui sont invités à découvrir l’article publié par Scientific Reports le 9 avril dernier.

L’étude met l’accent sur les capacités cognitives mises en jeu, insoupçonnées chez Néandertal. En attendant, il y a un lointain cousin humanoïde de plus sur la photo de famille des mordus du matelotage !