Parrainée par Éric Tabarly, La Cancalaise était née par la volonté de l’Association bisquine cancalaise (ABC) et de la municipalité de Cancale, grâce au soutien des collectivités territoriales et au mécénat populaire. À l’époque, c’était une première pour un bateau de cette importance, la preuve qu’il était permis de rêver grand, ce qu’allait confirmer cinq ans plus tard l’armada née du concours Bateaux des côtes de France. Les Cancalais étaient des pionniers et ils ont dû apprendre auprès des anciens à maîtriser l’impressionnant gréement de leur bisquine. Dans le compte rendu d’une de ses premières sorties, un jour venteux de Pentecôte, Le Chasse-Marée écrivait : « Par ce temps perturbé, les huniers ne seront pas établis et la misaine sera amenée à plusieurs reprises dans les claques. Il est clair que les capacités du bateau doivent être peu à peu redécouvertes et que la prudence est de règle pour ne pas risquer de casser les grands espars qui ne comportent ni étais ni haubans fixes. Tout l’art de la manœuvre doit être réappris avec ce gréement exceptionnel. » (CM 30). Il suffit de voir aujourd’hui La Cancalaise évoluer avec tous ses huniers et perroquets pour mesurer l’aisance acquise par son équipage.

À raison de cent quatre-vingts jours de navigation par an – un record pour un tel bateau géré sous régime associatif –, le savoir a bien été transmis, y compris aux enfants des fondateurs de l’association puisque celle-ci va fêter ce printemps les trente ans de La Cancalaise. C’est dire la ténacité de cette équipe qui, en trois décennies, aura initié à la navigation traditionnelle près de sept mille adhérents.

Il aura aussi fallu aux bénévoles d’ABC bien du courage et de l’abnégation pour entretenir parfaitement ce grand bateau et financer les travaux exceptionnels qu’il a nécessités. Au cours de ces trois décennies de navigation, plusieurs espars ont été remplacés ainsi que le jeu de voiles, et les charpentiers ont dû refaire le couronnement, le pont et, l’hiver dernier, le pavois.

Du 23 au 25 juin, l’ABC invite donc tous ses amis à venir souffler les trente bougies de La Cancalaise. Trois jours de fête maritime, avec bateaux traditionnels, musique, restauration, expositions, et même, le samedi après-midi, une régate de trente bisquines… en carton.

Crédit iconographique : Mélanie Joubert