[En savoir plus] Robert Gilruth, de la mer à la lune, Chasse-Marée n°324
Été 1861. Sur le canal Surrey, à Londres, Thomas Moy, un ingénieur anglais appartenant à la Société aéronautique, fait naviguer un canot qu’il a doté de trois ailes horizontales fixées sous la quille afin d’étudier l’écoulement des fluides – ici de l’eau – autour. Tracté par un cheval, le bateau prend de la vitesse… « et il a été soulevé tout à fait hors de l’eau, note l’ingénieur dans son rapport d’essai… Les plans porteurs se sont élevés jusqu’à la surface. » Thomas Moy vient sans le vouloir d’inventer le foil.
Horatio Phillips, les frères Meacham… ils seront par la suite nombreux à utiliser des ailes pour faire décoller leurs coques. Un des engins les plus connus est celui d’Enrico Forlanini. En 1906, son cigare argenté baptisé Idroplano, atteint les 36,7 nœuds, propulsé par d’énormes hélices aériennes. Sa version 7, à hélice immergée, atteint 40,5 nœuds. Elle est capable de transporter deux membres d’équipage et quatre passagers. Les pionniers de l’aéronautique naissante s’intéressent alors aux foils, notamment parce que les plans d’eau font des pistes d’atterrissage plus douces que les champs sur lesquels tant de pilotes ont perdu la vie. En 1907, quatre ans après leur vol inaugural, les frères Wright expérimentent ainsi un engin à foils. En 1911, Enrico Forlanini accueille Alexander Graham Bell et Frederick « Casey » Baldwin qui, à leur retour au Canada, réaliseront plusieurs « hydrodromes » dont le numéro 4 atteint la vitesse de 61,5 nœuds en 1919.
Les débuts des hydroptères à moteur rappellent ceux de l’aviation, qui en cinquante ans est passée du premier vol à la vitesse supersonique et au transport de passagers à grande échelle. Après leurs essais sur des bateaux à moteurs en 1912, Bell et Baldwin font décoller Nancy, une maquette de voilier, en 1913. Un an plus tard, ils lancent un dériveur qui décolle tracté, mais jamais sous voile. Il faudra attendre Robert Gilruth pour voir le premier voilier voler en 1941.
Les progrès des voiliers à foils seront finalement moins vertigineux que ceux des hydroptères motorisés : si, près d’un siècle plus tard, les trimarans Ultim et autres AC75 de la Coupe de l’America font rêver, ils montrent aussi que le vol des grands voiliers n’est maîtrisé que dans des conditions limitées.
Retrouvez l’article complet dans le Chasse-Marée n°324, publié en décembre 2021.
Robert Gilruth, de la mer à la Lune
Par Frédéric Monsonnec – Visionnaire, pionnier, Robert Gilruth a su mettre ses connaissances en aérodynamique au service de ses projets nautiques. Il est célèbre pour son œuvre au service du programme spatial américain qui fut couronné par l’alunissage de Neil Armstrong et Buzz Aldrin en 1969. À ses temps perdus, ce visionnaire conçut aussi le premier voilier volant de l’histoire et, quelques années plus tard, le premier bateau de croisière à foils…