Si Marseille a sa Bonne Mère, Dunkerque a sa sirène : l’une, rattachée à la basilique Notre-Dame de la Garde, veille du haut d’une colline sur le grand port du sud, l’autre inspirée d’une figure mariale de la Renaissance accueille les marins qui se dirigent vers le grand port du nord.
La comparaison s’arrête là, car la sirène est une jeunette née en 1989 dans l’imagination d’un sculpteur lillois, Léopold Franckowiak, qui a voulu créer « un point fixe remarquable, un rendez-vous amoureux en mer ». Installé sur un flotteur, cette bouée haute de 3,50 mètres a tout de suite charmé les passants à voile ou à moteur. Jusqu’au jour où une tempête hivernale arracha sa chaîne et envoya valdinguer la belle sur la jetée est…
Les marins pleurèrent tant et si bien que l’artiste, sensible comme il se doit, se laissa convaincre d’en sculpter une seconde. Celle-ci ne craint plus les coups de chien hivernaux : elle passe la mauvaise saison au sec, dans un hangar des Phares et Balises.
Lors de sa dernière pause, elle a aussi été modélisée en 3D à l’initiative de l’association Les Amis de la sirène de Dunkerque qui veille sur elle et assure son entretien. David Godin, l’un des fers de lance de sa résurrection, prof d’EPS et sauveteur bénévole à la SNSM, prend soin d’elle avec Vincent Marteel. Cette année, ils lui ont donné des cheveux roux et des yeux verts – en conservant le bleu de sa robe.
Le baliseur Hauts de France l’a remise à l’eau début avril dans le bassin de la Marine, où les terriens peuvent l’admirer, avant qu’elle ne retourne fin juin charmer les marins en mer. N. C
Publié dans Le Chasse-Marée 339 – Juin-Juillet 2024