Originaire du quartier de La Chaume, mais n’étant pas d’une famille de marins, l’auteur est marqué enfant par les vieux pêcheurs qu’il y croise et le va-et-vient des bateaux. En quête de généalogie familiale, il découvre tout jeune qu’un de ses ancêtres a participé à l’expédition de Dumont d’Urville. « Subjugué par cette histoire », il s’interroge sur le fait que ses parents n’en aient gardé aucune trace. C’est la naissance d’une vocation, puisqu’il fera de la recherche en archives, de la mémoire collective et de sa transmission par l’enseignement et l’écriture son métier. Ce préambule explique comment la thèse qui sert de base à cet ouvrage s’appuie sur un « chemin de vie » et pourquoi les gens de mer sablais y sont si bien servis…
Deux chapitres retracent l’histoire du port olonnois, lié dès le XVIe siècle à la pêche morutière et à partir du XVIIE siècle à celle de la sardine. Le cabotage, très actif sur toute la côte atlantique, fait aussi des Sables « un port de redistribution » entre les estuaires de la Gironde et de la Loire, où le sel occupe une place de choix. Après le déclin amorcé vers 1715, la période de paix revenue en 1815 débouche sur les Trente Glorieuses du port (1840-1870), avec le développement de ses infrastructures et des chantiers navals, soutenus par un boom démographique.
Les deux dernières parties s’attachent à la vie des marins (mousses, matelots, maîtres au cabotage, capitaines…), à leur place dans la société, ainsi qu’au rôle des femmes qui endossent la responsabilité de la famille, tout en menant une vie laborieuse : ouvrières en filets de pêche, poissonnières, pêcheuses à pied ou voilières. Le livre se referme avec une analyse de la mort des marins (disparus en mer pour faits de guerre ou naufrages, victimes de maladies, etc.).
Ce grand livre d’histoire, illustré de nombreuses infographies et d’une iconographie choisie, est de plus rédigé dans un style agréable et accessible à tous. Il constitue une référence pour le passé maritime des Sables-d’Olonne, à l’instar des travaux d’Alain Cabantous, dans lequel l’auteur inscrit sa démarche. ■ N. Couilloud
> Gens de mer sablais, un peuple en mutation
(XVIIIe-XIXe siècles), Hervé Retureau, La Geste, 354 p., 35 €