Le lac d’Annecy était autrefois sillonné par des « barques voilières » qui assuraient le transport du fret tout autour du lac. Ces navires étaient souvent construits par des charpentiers du Léman, qui s’établissaient provisoirement sur les rives du lac d’Annecy, le temps d’un chantier. Les bateaux des deux lacs sont d’ailleurs très semblables, ceux d’Annecy étant légèrement adaptés à ce plan d’eau moins grand, et aux conditions de vent encore plus capricieuses. Ainsi naquit Espérance II, qui navigua de 1911 à 1930. Aujourd’hui, une association ambitionne de construire une réplique de cette barque voilière de charge – ou « brick », pour reprendre la terminologie locale – gréée de deux grandes voiles latines. Mesurant 16,20 mètres de long (17,69 mètres avec son grand gouvernail) pour un poids lège de 22 tonnes et une capacité de charge de 20 tonnes, avec une surface de voiles totales de 112 mètres carrés, Espérance III – c’est le nom du bateau et celui de l’association – pourra emporter 35 personnes et sera dotée d’une propulsion auxiliaire électrique de 80 kW, alimentée par des batteries, chargées à quai ou par une pile à combustible. L’architecte Laurent Marbeau, au cabinet Orion de Canejean (Gironde), assure la conception du navire, en conformité avec les dispositions légales concernant les navires à passagers. Espérance III sera construite à Annecy, par le charpentier Raphaël Chedal, établi à Veyrier-du-Lac et Cédric Pansin, du chantier Aquawood, à La Lande-de-Goult (Orne). Le coût de ce chantier, qui est estimé à 1 584 000 euros, devrait être couvert par une souscription nationale collectée en partenariat avec la Fondation du Patrimoine à hauteur de 1 million d’euros et par des subventions publiques. Le chantier sera ouvert au public, à commencer par les enfants des écoles pour lesquels un projet pédagogique est prévu, et une convention a été établie avec le pôle métiers du bois de Rumilly. Les premiers bords devraient avoir lieu en 2020. L’association Espérance III (esperance3.org) prévoit ensuite de soixante à quatre-vingts sorties annuelles, à la découverte du lac, espace naturel sensible et emblématique des milieux aquatiques alpins.