C’est à Jérôme Blanchot que j’emprunte cette expression qu’il m’a écrite fin mars, alors qu’on venait d’apprendre notre confinement. Jérôme, que j’avais eu la chance de rencontrer il y a deux ans sur la Rance alors qu’il était venu accompagner notre flottille du Challenge Naviguer léger à bord de son voile-aviron Selenor. Il nous avait rejoints peu après l’écluse du Chatelier pour un pique-nique partagé sur la berge, avant une navigation de concert vers Dinan. Ce printemps nous offrait la possibilité de réaliser nos rêveries hivernales…

Tout était pourtant réuni, cette année, pour un magnifique début de saison, après cinq mois de grisaille et d’une rare humidité. Mais voilà, ce virus nous l’a bien volé. Et encore, nos regrets de plaisanciers et d’amateurs de mer ne sont qu’un détail en regard de ce que vivent les professionnels. Si les grands médias ont beaucoup évoqué ces paquebots errant sur les mers faute d’un port qui les accueille, ou encore l’incroyable contamination de la moitié des marins du groupe aéronaval du porte-avions
Charles De Gaulle, bien d’autres métiers ont aussi souffert, dans l’ombre, depuis la mi-mars, que ce soit à la pêche, au commerce, à l’offshore…

En mer, mais aussi sur les fleuves ou à terre. Combien de chantiers ont dû cesser ou limiter leur activité ? Combien d’écoles de voile empêchées d’aller sur l’eau ? Combien de rassemblements reportés ou annulés, réduisant à néant le travail des équipes qui les préparaient ? Alors, si forcément on espère bientôt retrouver le plaisir de la mer, nos pensées vont surtout à tous ceux qui en vivent.

Enfin, il faut certainement aussi profiter de cette période, comme parallèle au temps, pour réfléchir à ce que nous vivons et à ce qu’elle nous apprend, même si la multitude de points d’interrogation peut amener au vertige.

« Un été de fêtes sauvages », que vous retrouverez dans les Nouvelles, ou encore la page spéciale « confinement » qui les conclut amène un peu de cet autre possible, de cet autrement. « Autrement », un mot qu’on aime bien au Chasse-Marée. Un mot
d’actualité, peut-être plus que jamais.  Gwendal Jaffry