De retour du Vietnam, un ami de la revue nous a récemment interpellés concernant quelques découvertes qu’il y avait faites. S’il a constaté que les bateaux-paniers sont bel et bien toujours construits – ces embarcations de fibre végétale enduite de goudron servent au quotidien, par exemple dans la lagune de Dám An Cú, au Nord de Da Nang, où elles sont utilisées pour le travail des huîtres –, comme on continue à godiller pour se propulser (en regardant vers l’avant), il a néanmoins découvert en maints endroits du pays une particularité qui lui était inconnue, comme d’ailleurs à notre rédaction : la construction en composite bois-métal appliquée au bordé, et non à la structure, comme sur de nombreux yachts de notre patrimoine. Au Vietnam, la plupart des bateaux contemporains sont ainsi construits, avec des fonds métalliques rehaussés d’oeuvres mortes en bois, ce dernier matériau étant également utilisé pour la charpente. Ainsi, à Cám Kim, une île située à l’embouchure de la rivière Thu B`ôn, ce sont des pirogues de course qu’on a trouvées, stockées à l’envers sous un abri proche de l’eau. Sur ces unités, l’étrave en bois est massive, comme le bordé des oeuvres mortes, la tôle très fine des fonds étant vissée sur son pourtour dans une feuillure pratiquée dans les pièces de bois. À l’intérieur, la charpente transversale est en bois, la tôle reposant sur des lisses longitudinales, sans aucune fixation.

Quel est l’intérêt d’un tel procédé ? Alléger ? Peut-être, encore que sur un bateau aussi étroit et qu’on pagaye, il eût été préférable de conserver du poids dans les fonds plutôt que dans les hauts. Faciliter la construction ? Probablement, le pliage du métal devant être bien plus rapide que le façonnage de longues et fines virures sur des formes qui tournent beaucoup. Reste que le mystère demeure, faute d’interlocuteur qu’on aurait pu interroger sur place…

De retour en France, notre ami s’est donc adressé à nous, une rubrique de la revue étant dédiée à ce type de questions. Sur Internet, ce sont également des forums auxquels il pourra s’adresser afin de solliciter de vastes communautés de passionnés. Pour autant, et à cette occasion, on mesure combien font défaut des supports répertoriant les informations architecturales, qu’il s’agisse de livres voire, mieux, de wiki sur Internet. Quelle richesse considérable ce serait, en effet, de pouvoir accéder à une base de données sur toutes les composantes du bateau, voire qui indique simplement les sources à consulter pour approfondir un sujet. De la quille à la pomme de mât, de l’extrémité d’un tip en carbone à celle d’une latte de grand-voile à corne, un grand outil mériterait d’être créé.