En Grèce, le renouveau des bateaux traditionnels est en plein essor. Pour preuve, le lancement, en octobre dernier, d’un « tserniki », un type jadis très répandu à l’Est de la mer Égée, mais dont la construction avait cessé depuis quatre-vingts ans. Long de 12,20 m, le Medon Pleioni (« Protéger l’Océan ») a été construit par Nikolas Vlavianos à Chalcis, au Nord d’Athènes, d’après des plans de 1882. Pour ce chantier, techniques et matériaux traditionnels ont été utilisés, y compris des gournables en bois pour fixer les pièces de charpente et le bordé. Avec son étrave rectiligne à la quête très prononcée et son faible tirant d’eau, le tserniki était considéré comme le voilier le plus rapide de la région, atteignant des vitesses allant jusqu’à 12 nœuds. Son curieux gréement à livarde de type sacolève remonterait aux premiers siècles de notre ère. Bateau polyvalent, le tserniki était armé au transport, à la contrebande, à la cueillette des éponges en plongée ou à la pêche. Cette flotte est devenue obsolète après la Seconde Guerre mondiale en raison de la propagation du moteur diesel.

Tandis que Nikolas Vlavianos prépare Medon Pleioni en vue d’une croisière en mer Noire – départ prévu au printemps prochain –, Nikos Daroukakis (cm 265) a mis sur cale un « trehandiri », le bateau de pêche hellène traditionnel par excellence. Cette unité de 8,80 m est sans doute le premier caïque à voiles – à grand tirant d’eau – construit depuis que le Britannique Sam Barclay avait lancé son Stormie Seas, un trehandiri de 14,60 m, en 1948. « Au-dessus de la ligne de flottaison, précise le constructeur, la coque est très proche des trehandiri traditionnels, car j’ai gardé le même rapport longueur/largeur ainsi que la même silhouette générale. En revanche, la carène est différente et s’approche de celle de Stormie Seas : elle est profonde mais sans bouchain accusé, affectant la forme d’une coupe de champagne. Ainsi cette coque offre-t-elle un intérieur très spacieux comparé à celui d’un trehandiri ancien de même taille, avec une hauteur sous barrots de 1,80 m malgré un rouf relativement bas. » Nikos Daroukakis espère lancer son bateau l’été prochain.
Nic Compton