©Alfred-Wegener-Institut/Mario Hoppmann

Du plastique jusque dans les microalgues qui peuplent les glaces de l’Arctique ? Apparemment oui, si l’on en croit une étude publiée dans la revue Environmental Science & Technology par un groupe de chercheurs allemands, canadiens et anglais. La glace de mer de l’océan Arctique contient des « concentrations extrêmes de microplastiques, explique la biologiste marine Melanie Bergmann, l’une des scientifiques à l’origine de ce travail. Nous avons fait ce constat par des analyses antérieures et nous souhaitions, avec ce nouveau travail, étudier le lien entre l’atmosphère, la glace de mer et les microplastiques, comprendre ce qu’ils deviennent une fois piégés dans la glace et après, quand la glace de mer se met à fondre. »
En réalisant plusieurs prélèvements dans l’eau aux abords des blocs de glace, du Groenland au Svalbard, ils découvrent que les microplastiques sont mélangés à une algue unicellulaire, Melosira arctica, de la famille des diatomées qui « représentait en 2012 environ 45 pour cent de la production primaire dans l’océan Arctique. Elle se développe très rapidement en longs filaments, très collants, et vit sous la glace de mer. Lorsque celle-ci fond, l’algue s’en détache et se laisse dériver puis est mangée, ou coule très rapidement vers le fond de l’océan, où elle sert aussi de repas aux organismes benthiques, tels que les ophiures ou les concombres de mer. » Selon les chercheurs, ce serait au moment de la fonte de la glace de mer que les particules de microplastiques s’associeraient à Melosira arctica, avant d’être entraînées ensemble au fond de l’océan Arctique.
« En mai, des négociations s’ouvrent à l’ONU pour un traité sur les plastiques. Espérons que ces recherches, ainsi que celles des autres collègues, permettront de peser dans ces discussions et qu’elles montreront l’importance de réduire la production et la pollution de matières plastiques dans le monde », conclut Melanie Bergmann.

Maud Lénée-Corrèze