deux nouvelle espèce de crabes sur un rocher

De nombreuses espèces découvrent la Méditerranée en passant par Gibraltar ou en empruntant le canal de Suez. Le phénomène n’est pas nouveau, mais jusqu’à il y a quelques années, ces nouveaux venus ne survivaient pas aux prédateurs qu’ils y rencontraient et surtout aux températures plus basses de la Grande Bleue. Avec le réchauffement de ses eaux, certaines espèces s’y sentent désormais à leurs aises : la FAO a ainsi recensé neuf cents espèces exogènes, dont plus de la moitié se sont installées à demeure.

Parmi elles, deux suscitent de vives inquiétudes car elles ont une fâcheuse tendance à proliférer. C’est le cas des crabes bleus (Callinectes sapidus), venus de l’Atlantique dans des eaux de ballast. Ces crabes, non contents de détruire les filets des pêcheurs dans les lagunes et étangs, de la Corse aux Pyrénées-Orientales, font des ravages sur les huîtres, les moules et les poissons juvéniles. Leur prédateur, le poulpe, tend à se raréfier en Méditerranée. Quand on sait que la femelle du crabe bleu porte jusqu’à 2 millions d’œufs, le scénario catastrophe n’est pas loin. Les poissons-la- pins (Siganus luridus ou Siganus rivulatus), arrivés à la nage par Suez, se multiplient aussi outrageusement. Très friands d’algues et de posidonies, il réduisent les herbiers à l’état de moquette à poil court ; leurs prédateurs – les poulpes encore, mais aussi les mérous, victimes de surpêche – ne peuvent en réguler la prolifération. Pour l’instant cantonnés en Méditerranée orientale, les poissons-lapins pourraient atteindre les côtes françaises à la faveur du réchauffement des eaux.

◼ N.C.

Crédit photo : © JEAN-CLAUDE CARTON/BIOSPHOTO