Le Sumurun avait déjà passé cent ans lorsqu’il a été envoyé en restauration, en octobre 2017, aux chantiers du Guip à Brest (CM 292). Après dix-huit mois de travaux – pour un coût d’1 million d’euros –, ce plan William Fife, construit en 1914 dans le chantier de l’architecte à Fairlie (Écosse), a été remis à l’eau fin juillet. Pour qu’il retrouve tout son lustre d’antan, les travaux sur ce yacht classique de 28 m ont été « colossaux », avec, comme toujours pour ce genre de chantier, des surprises, engendrant des retards. Le Guip s’est concentré en premier lieu sur l’étrave : « Le bateau a beaucoup vécu et a subi diverses modifications, souligne sur ce point Yann Mauffret, le directeur. L’avant avait perdu ses formes d’origine et on lui avait ajouté de nombreuses pièces, notamment un nez d’étrave. Nous avons donc retracé les lignes de l’étrave pour lui redonner son aspect initial. »

Le propriétaire actuel du Sumurun souhaitait aussi retrouver le gréement de ketch marconi du voilier, tel qu’il était dans les années 1930. Cela a nécessité un renforcement de la coque au niveau des pieds de mâts. La modernisation du voilier avait, par ailleurs, entraîné un transfert des poids vers l’arrière, ce qui déséquilibrait le bateau. « Nous les avons recentrés pour revenir à la répartition d’origine, et on a pu voir la différence lors de la mise à l’eau ! », se félicite Yann Mauffret.

Puisqu’une restauration permet de mettre le bateau à nu, le Guip en a aussi profité pour effectuer toutes les vérifications nécessaires sur les systèmes électroniques, avec son partenaire brestois Navtis. Quant à la réalisation des mâts, elle a été confiée au chantier Gilbert Pasqui, à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Ils ont ensuite été convoyés par la route jusqu’à Brest pour être installés par le chantier courant août. Celui-ci finalisera la vérification des systèmes électroniques début septembre.

Le voilier, dont le nom renvoie à la favorite du harem d’un cheikh de Bagdad, partira ensuite pour la Méditerranée, où il retrouvera sa place dans les régates de yachting classique. Maud Lénée-Corrèze