En 1947, Thor Heyerdahl et l’équipage du radeau Kon-Tiki, en ralliant les Tuamotu au départ du Chili, montraient la possibilité de navigations anciennes de l’Amérique vers les îles du Pacifique, bien avant l’arrivée des Européens dans la région. L’anthropologue norvégien entendait valider ainsi une intuition que la science, et la génétique en particulier, a largement réfuté : c’est prouvé, les îles du Pacifique ont été peuplées par des navigateurs venus d’Asie, à partir du IIe millénaire avant notre ère. Sauf que… une analyse des variations du génome d’habitants de dix-sept archipels du Pacifique, croisée avec celle de quinze peuples littoraux d’Amérique latine, publiée par la revue Nature le 8 juillet dernier, suggère des échanges entre Amérindiens et habitants de la Polynésie orientale au tournant du XIIIe siècle. Plutôt qu’une migration venue d’Amérique, le principal signataire de l’article, Alexander Ioannidis, privilégie l’hypothèse de voyages de navigateurs polynésiens, comme les ont expérimentés les équipiers de la pirogue double Hokule’a (CM 287) depuis 1976, ramenant des Amérindiens à leur retour.