Jusqu’au 9 mars, le Musée national d’archéologie de Naples accueille l’exposition Thalassa, merveilles submergées de la Méditerranée, consacrée aux découvertes de l’archéologie sous-marine italienne de 1950 à nos jours. D’entrée, le visiteur est accueilli par six chefs-d’œuvre très différents : la copie romaine d’une tête d’Amazone grecque ; la tête de bronze du « philosophe » de Porticello (Ve siècle avant notre ère) ; le « petit trésor » de Rimigliano, composé de pièces d’argent de la Rome impériale ; un relief d’Héraklès combattant le géant Antée datant du IIe siècle avant notre ère ; une statue de bronze du XIVe siècle avant notre ère, effigie sans doute d’origine chypriote de la divinité Reshef, repêchée au large du site grec de Sélinonte, en Sicile ; enfin le « contre-rostre » en bronze d’un navire romain, en forme de tête de sanglier, qui servait à protéger la quille pendant les combats, découvert dans le port de Gênes.

Parmi les bijoux en or raffinés, les bols en verre précieux, des objets du quotidien évoquent la vie à bord ; une reconstitution en trois dimensions présente même une « calculatrice astronomique » récupérée dans une épave fortuitement trouvée par des pêcheurs d’éponge au large d’Anticythère. Les aspects rituels et sacrés de la navigation sont évoqués à partir d’un cratère orné d’une scène de naufrage et d’un pot d’origine canaéenne (XVe siècle avant notre ère).

Des outils pour la préparation et le stockage de la nourriture, des amphores pour le transport d’huile, du vin et du garum, ainsi que des lingots de plomb apportés à Rome depuis la péninsule ibérique ressuscitent les routes maritimes des marchands antiques. Un autel nabatéen (Ier siècle avant notre ère) trouvé à Pozzuoli, tout près de Naples, rappelle les liens entre Rome et Palmyre. Une statuette en ivoire de la déesse hindoue de la prospérité Lakshmi, exhumée d’une demeure de Pompéi, aux murs couverts de graffitis de bateaux, témoigne encore des échanges avec l’Inde aux premiers temps de l’Empire. On peut même admirer des lingots d’orichalque, un alliage de cuivre et de zinc mentionné par Platon dans ses descriptions de l’Atlantide…

Les lieux de l’otium, le temps libre, sont aussi présentés, notamment à travers les sculptures trouvées sur les fonds marins de la Grotte Bleue, un nymphée (sanctuaire établi sur une source) de l’époque romaine.

En sus de ces quelque quatre cents objets, l’exposition se termine par une spectaculaire plongée en images jusqu’à 600 mètres de profondeur, sur des épaves et des sites de fouilles de Capri à Capo Palinuro, de la Ligurie à la Sardaigne. Giovanni Panella