Par Per Pondaven et Yann Riou - Il fut un temps, guère lointain, ou chaque grève, chaque rocher remarquable avait son nom. Mais à moins d'être originaire du lieu, l'observateur ne sait dire le paysage qu'à l'aide des rares noms portés sur les cartes. Or bien souvent, ces toponymes officiels sont fautifs, les hydrographes étant souvent plus soucieux de bien décrire les dangers de la côte que de respecter telles termes choisis par les autochtones pour les désigner Conscients de cette carence, Per Pondaven et Yann Riou ont entrepris une vaste enquête toponymique entre Saint-Pabu et Ploumoguer Le résultat de leur travail fera l'objet de deux prochains articles, consacrés à la toponymie nautique de cette portion de la côte finistérienne. Mais voici d'abord l'exposé de leurs motivations, une occasion de dire les lacunes de leurs prédécesseurs et aussi les richesses extraordinaires que recèle la toponymie de cette côte déchiquetée. Véritables révélateurs de l'identité du «groupe, les nains de lieux, recueillis auprès des derniers témoins qui en ont gardé la mémoire, racontent les joies, les croyances, les travaux et les jours (l'une communauté bretonnante qui vivait essentiellement du bornage, de la pêche et surtout de la récolte de goémon. Puisse cette démarche exemplaire, qui s'inscrit parfaitement dans l'esprit du concours "Patrimoine des côtes de France", susciter de nouvelles vocations. Car il est urgent de recueillir cette parole oubliée, ne serait-ce que pour redonner aux lieux l'émue qui en fait la magie.