L'Abeille d'Ouessant

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Hervé Hamon La mission de L’ Abeille Flandre était de garder le rail d’Ouessant, un des carrefours maritimes les plus fréquentés au monde. Hervé Hamon a partagé 18 mois du quotidien de ses marins : la veille et les sauvetages dans des conditions de mer dantesques… Lire la suite

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Préface inédite d’Emmelene Landon

En pleine tempête, ces deux récits nous soulèvent de justesse, nous replongent dans le creux de la vague pour nous relever aussitôt, avec la bonne humeur de ceux qui bravent les éléments pour sauver des vies. Combien de dangers à défier pour porter secours aux navires en détresse, à commencer par ces tempêtes, ouragans, force 9, 10, 11, voire 12, des vagues de dix-huit mètres, grâce à la puissance de ce « bateau tout temps » que rien n’arrête, ce remorqueur avec 23 000 chevaux dans le ventre, capable de se diriger dans toutes les directions et par tous les temps pour sauver des monstres de ferraille à la dérive ? La légendaire Abeille Flandre, tout comme les autres remorqueurs de sa trempe, fait rêver les enfants, tel le jeune Hervé Hamon, depuis la grève de son Saint-Brieuc natal. Avec ses amis, ils aiment jouer dans la boue, devant cette mer qui transporte tout, y compris les saletés. Et, plus tard, s’il a su donner forme dans ses livres à son « besoin de mer » et à ses expériences extrêmes de navigation, chez cet écrivain-navigateur la force de l’enfance est restée intacte. « Je n’ai pas choisi la mer et elle ne m’a pas choisi. J’ai la mer comme certains amis ont la foi : par foudre innocente, étrangère à la raison et au calcul. »

Ces deux textes sont le fruit d’une rencontre entre un navire, son équipage, un écrivain-navigateur et une véritable autoroute maritime au large de l’île d’Ouessant, le Rail, où se croisent cent cinquante navires par jour. Toutes les difficultés sont réunies au Rail, le « cap Horn de l’Europe ». En plus des tempêtes, on y trouve les pires courants, une mer hargneuse car peu profonde, dissimulant des rochers capables de déchiqueter la matière sous toutes ses formes, assistés par des vagues croisées et méchantes. Une sale mer qui cogne. Et pourtant, une mer cartographiée et re-cartographiée sans cesse dans laquelle chaque rocher a son nom, aimée des navigateurs et de ceux qui la parcourent à la voile dans la plus grande des intimités. Aimée aussi par ceux qui la contemplent depuis la terre, porteuse de légendes et de traditions, une véritable culture. Cette mer est riche en poissons, et ses nombreuses variétés d’algues impressionnent les Japonais. Les estivants s’y baignent, on pratique la pêche à pied sur ses rivages, ses îles et ses côtes sont parmi les plus belles et les plus mystérieuses du monde. Mais il s’agit bien de l’entrée d’une autoroute de la mer, où des équipages fatigués parfois mésestiment les enjeux. Et nous nous souvenons tous de la terrible marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier l’Amoco Cadiz en 1978. C’est d’ailleurs à la suite de cette catastrophe écologique, considérée comme l’une des plus grandes, que l’on met en place un système de surveillance et de contrôle radar du Rail. Depuis 1978, l’Abeille Flandre est basée à Brest en permanence, afin d’intervenir le plus rapidement possible, ce qui implique une disponibilité totale de l’équipage, et de réagir instantanément face au danger.

En règle générale, quand un écrivain monte à bord d’un navire, il est précédé par une réputation de « fainéant ». C’est à lui ou à elle de prouver le contraire. Comment savoir si son estomac tiendra le coup, si l’équipage le supportera, s’il ne sera pas un simple boulet, ou, pire encore, un danger ? Bref, un être de trop dans un huis clos flottant où tout a sa place. Hervé Hamon est à la fois écrivain et marin. Son estomac résiste, il est accepté par tous, et, pendant plus d’un an, il accompagne l’équipage de l’Abeille Flandre dans ses missions. Entre lui et le commandant, dit Carlos, c’est un coup de foudre d’amitié. Hamon fait les quarts de nuit, les plus difficiles. Il filme les manoeuvres regardées ensuite par tout l’équipage. Il participe à cette vie en mer engendrée par la réalité de l’économie maritime. Carlos n’élève jamais la voix. Il ne croit pas au marin idéal. « Le meilleur équipage, c’est celui qu’on me donne. »

Hervé Hamon est marin, son récit est celui d’un marin. Et quand les marins de l’Abeille Flandre décident d’engager leur vie pour en sauver d’autres, ce n’est écrit dans aucun contrat, nous dit Hervé Hamon, ils ne sont pas payés pour prendre des risques, eh bien, quand ces marins décident d’y aller et d’affronter les éléments, c’est un moment de liberté absolue. L’écrivain sait rendre cela. Tout en sachant que la règle tacite des marins est d’affecter une nonchalance : aucun signe d’excitation apparent. Vécus de l’intérieur : excitation, travail, danger, plaisir. Tout ce qu’il faut de discipline pour arriver à une sensation d’évidence et de confiance partagée. Et à l’extérieur, cette modestie : « On fait un boulot comme un autre, on est le plus commun des mortels. »

Toujours ce déchirement entre la vie en mer et la vie à terre. « En mer, on pense à la terre sans effort. À terre, la mer est impensable, même pour les marins. » Voilà aussi la force de ces récits : ils nous donnent la mer à penser, que l’on soit en mer, à terre ou dans les airs. La force de reprendre ce qui part à la dérive, quelles qu’en soient les raisons. Force, ce mot qui revient, liée aux éléments, et à laquelle on se mesure au risque de sa vie. L’ennemi, c’est la mer. « Paradoxe du paradoxe, on est prêts à se battre pour sauver l’ennemi. » Car les médias parlent des cata strophes, des naufrages, mais tous les navires sauvés restent dans l’ombre et les remerciements sont rares. « Quand tu es croché dedans, tu es responsable du tas de ferraille ou du stock de nitroglycérine qui encombrait l’océan. C’est si vrai qu’à terre, quelquefois, on finit par t’oublier, purement et simplement. Débrouille-toi. » Force, mais chaque marin sait qu’il s’agit de s’adapter tout en souplesse. À la tempête. À la houle. Up and down. Encore plus. Dormir en Y, tout ficher par terre pour ne pas être assommé par des objets projetés dans tous les sens. La tempête est irreprésentable, nous dit Hervé Hamon. Comment raconter, depuis l’intérieur, la lumière de la tempête, quand la pluie s’élimine et que le vent passe au nord-ouest ? Il y arrive, tout en évitant les pièges pour décrire l’extraordinaire : « l’option technologiquement pédante et l’option l’enflure, le solennel, le pompier ». Hervé Hamon, par gros temps sur l’Abeille Flandre, est de bonne humeur, et cela donne le ton de son livre.

Livre de vertige. On y est malmené, comme ceux qui bravent ces dangers. On pense à Turner ficelé tout en haut d’un mât en pleine tempête pour voir. Le lecteur participe à ce présent éternel, tout comme ce que donnent à voir les tableaux de Turner. La vie à bord est douce, aussi. Les moments de recueillement, d’être ensemble. Le rôle du cuisinier. Le rôle du graisseur. À la machine, les hommes du ventre et de la chaleur. Au pont, les hommes de l’embrun. À la passerelle, ceux de la route. Celui qui dit toujours « Le doute m’habite ». Ces marins, prêts à partir en mer « comme un pet sur une toile cirée ».

« Naviguer ainsi est une bonne école de la solitude. » À chacun son rôle. Hervé Hamon y trouve sa place discrètement, car il a bien une personnalité de marin.

Préface inédite d’Emmelene Landon.

Un livre de poche de 384 pages.

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